Contestation de la durée d’un arrêt maladie professionnelle : quels recours pour l’employeur ?

DRH consultant un dossier médical pour contester un arrêt maladie jugé trop long dans une PME, en litige avec la CPAM

Lorsqu’un arrêt maladie s’éternise, les conséquences pour l’entreprise peuvent être lourdes : désorganisation des équipes, coûts de remplacement, tensions internes… C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit d’une maladie professionnelle, dont la reconnaissance entraîne une prise en charge spécifique par la CPAM. Mais que faire lorsqu’un employeur estime que la durée de l’arrêt est excessive ou injustifiée ? Peut-il demander une réévaluation indépendante ? Et comment agir si la CPAM ne coopère pas ? Une décision récente de la cour d’appel de Lyon apporte des éléments de réponse concrets.

Le cadre juridique : arrêt maladie professionnelle et rôle de la CPAM

La reconnaissance d’une maladie professionnelle ouvre droit à une indemnisation renforcée pour le salarié, financée par la branche AT/MP de la Sécurité sociale. L’article L. 461-1 du Code de la sécurité sociale définit les conditions de cette reconnaissance. Une fois admise, l’arrêt de travail est indemnisé sans délai de carence et sans conditions d’ouverture de droits. Toutefois, la CPAM reste seule juge de la prise en charge, y compris de la durée de l’arrêt.

L’employeur n’a pas accès au dossier médical du salarié, mais peut contester la décision devant la Commission de recours amiable, puis devant le pôle social du tribunal judiciaire. Il peut aussi demander une expertise judiciaire sur la réalité du lien entre l’arrêt et la pathologie déclarée. Cette voie est particulièrement utile lorsque l’employeur soupçonne une prolongation abusive de l’arrêt.

Une affaire récente : deux ans d’arrêt réduits à trois mois

Dans un arrêt du 4 mars 2025, la cour d’appel de Lyon (CA Lyon, 4 mars 2025, n° RG à préciser) a été saisie d’un litige opposant une PME à la CPAM, à propos d’un arrêt maladie professionnelle de plus de deux ans pour ténosynovite. L’employeur contestait la durée de l’arrêt, estimant qu’elle ne se justifiait pas au regard de la pathologie en cause.

Le juge a ordonné une expertise judiciaire sur pièces, afin d’évaluer si l’intégralité de l’arrêt était bien imputable à la maladie reconnue. L’expert a conclu que seuls trois mois étaient directement liés à la pathologie initiale. Fait notable : la CPAM a refusé de transmettre certains éléments du dossier médical à l’expert, compromettant ainsi sa propre position. La cour d’appel a confirmé le rapport d’expertise et débouté la CPAM, considérant qu’elle ne pouvait utilement critiquer des conclusions qu’elle avait empêchées de se fonder sur un dossier complet.

Conséquences pratiques pour les PME

Cette affaire illustre qu’un employeur n’est pas totalement démuni face à une décision de la CPAM qu’il juge excessive. Il peut agir et demander un réexamen judiciaire, notamment par voie d’expertise. Cela peut permettre de rétablir une évaluation plus objective de la situation médicale du salarié, et de limiter les effets d’un arrêt prolongé injustifié sur l’organisation de l’entreprise.

En pratique, ce type de recours peut être envisagé lorsque l’employeur dispose d’éléments factuels laissant supposer une déconnexion entre l’arrêt et la pathologie déclarée : durée disproportionnée, avis médical divergent, évolution professionnelle ou comportement du salarié en contradiction avec l’arrêt.

Conseil de l’avocat

Pour sécuriser ce type de contentieux, il est essentiel d’anticiper. L’employeur doit :

  • conserver toute la documentation relative à l’arrêt (dates, certificats médicaux, correspondances avec la CPAM),

  • solliciter un avis médical contradictoire s’il existe un doute sérieux,

  • faire appel à un avocat pour engager la procédure devant le tribunal judiciaire, avec demande d’expertise indépendante,

  • insister, lors de l’expertise, sur la nécessité d’accès aux pièces médicales pertinentes,

  • et veiller au respect du contradictoire tout au long de la procédure.

Cette démarche, bien que juridiquement complexe, peut aboutir à une réduction significative de la durée prise en charge au titre de l’AT/MP, avec des conséquences financières importantes pour l’entreprise.

Références juridiques

Code de la sécurité sociale, article L. 461-1
Cour d’appel de Lyon, 4 mars 2025 (référence RG à compléter selon publication)

Conclusion

Un arrêt maladie d’origine professionnelle n’est pas toujours incontestable. Lorsqu’un doute sérieux existe sur sa durée, l’entreprise a la possibilité d’agir et de demander une expertise judiciaire. Cette démarche, bien menée, peut aboutir à une décision plus équilibrée, notamment si la CPAM manque à son obligation de coopération. Besoin de sécuriser vos pratiques RH ? Le cabinet vous accompagne.

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Témoignage d’un salarié devant les prud’hommes : l’anonymat est-il possible ?

Salarié rédigeant une attestation de témoin pour les prud’hommes dans une PME, illustration de la procédure de témoignage en droit du travail

Lorsqu’un conflit oppose un salarié à son employeur devant le conseil de prud’hommes, les témoignages de collègues peuvent jouer un rôle déterminant. Mais il arrive qu’un salarié, sollicité pour témoigner, hésite à se manifester ouvertement, craignant des représailles. Cette situation soulève une question essentielle pour les entreprises de taille PME : un salarié peut-il témoigner anonymement dans le cadre d’une procédure prud’homale ?

Témoigner en justice : un acte encadré et essentiel dans les litiges du travail

En droit du travail, tout salarié peut être amené à témoigner dans un litige opposant un collègue à l’employeur. Ce témoignage prend généralement la forme d’une attestation écrite conforme au formulaire Cerfa n°11527*03, qui doit être signée et accompagnée d’une copie de la pièce d’identité du témoin.

Ce formalisme a pour objectif de garantir la fiabilité du témoignage et de permettre à la partie adverse d’en discuter la portée. L’anonymat pur et simple est donc, en principe, incompatible avec ce type de procédure : un témoignage non signé et non identifié ne peut pas valoir preuve à lui seul.

Une ouverture jurisprudentielle : prise en compte possible d’un témoignage anonymisé

La Cour de cassation est toutefois venue nuancer ce principe dans un arrêt récent (Cass. soc., 19 avril 2023, n° 21-20.308). Elle a jugé qu’un témoignage anonymisé pouvait être pris en compte par les juges à deux conditions : que l’identité réelle du témoin soit connue de l’employeur et que d’autres éléments viennent corroborer les faits rapportés.

Autrement dit, si un employeur est informé en interne de l’identité du témoin, même si celle-ci n’est pas révélée dans le dossier remis au juge, et que le témoignage est appuyé par des preuves complémentaires (mails, échanges écrits, autres attestations), alors les juges peuvent en tenir compte dans leur appréciation globale du litige.

Conséquences pratiques pour les entreprises de taille PME

Dans une PME, où les relations sont souvent plus proches et les équipes plus restreintes, les salariés peuvent être particulièrement réticents à témoigner contre leur employeur. Cette crainte est compréhensible, mais le droit offre certaines protections.

Un salarié ne peut pas être sanctionné, licencié ou discriminé pour avoir témoigné dans le cadre d’un contentieux prud’homal. Une telle mesure serait considérée comme une atteinte à la liberté fondamentale de témoigner, et donc susceptible d’être annulée par le juge. Le témoignage, même s’il est perçu comme défavorable par l’employeur, est protégé par le principe de loyauté dans l’administration de la preuve.

Le conseil de l’avocat : anticiper les conflits et sécuriser les témoignages

Pour les employeurs, la gestion des témoignages internes nécessite à la fois prudence et rigueur. Lorsqu’un salarié accepte de témoigner, l’entreprise doit veiller à respecter strictement ses droits et à prévenir tout risque de pression ou de représailles. Il est essentiel de rappeler à l’ensemble des collaborateurs que le témoignage, même défavorable, entre dans le cadre de l’exercice des droits de la défense.

En cas de conflit potentiel, il est recommandé : – d’encadrer la collecte des témoignages par un conseil juridique – de conserver une traçabilité claire de l’origine et de la forme des attestations – d’éviter toute mesure qui pourrait être interprétée comme une réaction à un témoignage

Enfin, si un salarié souhaite témoigner mais craint des conséquences internes, il peut être utile d’envisager une médiation ou un accompagnement par le CSE ou un avocat pour le rassurer sur ses droits et sur la protection dont il bénéficie.

Références juridiques

Article 202 du Code de procédure civile
Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, 19 avril 2023, n° 21-20.308
Formulaire CERFA n°11527*03 : Modèle d’attestation de témoin

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Négocier avec un CSE : construire une relation de confiance sans se placer en position de faiblesse

Dirigeant d’entreprise en réunion avec les représentants du CSE pour négocier un accord collectif dans une PME

Dans toute entreprise disposant d’un comité social et économique (CSE), la direction est régulièrement amenée à engager un dialogue structuré avec les représentants du personnel. L’enjeu est d’équilibrer les intérêts économiques de l’entreprise avec les revendications sociales, tout en préservant la qualité du climat interne. Pour un dirigeant ou un responsable RH, il s’agit de construire une relation de confiance solide, sans pour autant se retrouver à céder sur tous les points. Cet article vous aide à poser un cadre clair, efficace et juridiquement sécurisé pour vos futures négociations.

Créer un climat de dialogue sans perdre la main

Une négociation avec le CSE ne s’improvise pas. Elle repose avant tout sur une communication claire et continue. En instaurant dès le départ une posture d’ouverture, l’employeur peut anticiper les tensions, mieux faire passer ses messages et poser un cadre qui structure les échanges.

Cela suppose :

  • de communiquer régulièrement avec les élus, même en dehors des périodes de négociation,

  • d’expliquer le contexte économique, les contraintes, les marges de manœuvre réelles,

  • de permettre aux représentants du personnel de préparer leurs interventions avec des données fiables.

Ce lien constant construit un capital de confiance. Il évite que les discussions ne dégénèrent en affrontement ou en blocage.

Mettre en place les bons outils pour structurer les échanges

Pour favoriser un dialogue efficace, certaines entreprises choisissent de mettre en place :

  • des réunions préparatoires, pour clarifier les attentes,

  • des groupes de travail mixtes, pour aborder des sujets techniques de manière apaisée,

  • une charte de fonctionnement ou un accord de méthode, qui définit un cadre (délais, rythme, échanges de documents…).

Ces outils permettent de fluidifier les négociations et d’éviter les situations de tension prolongée ou d’incompréhension. Ils donnent aussi à la direction un appui formel pour reprendre la main si le dialogue se durcit.

Reconnaître le rôle du CSE sans se déséquilibrer

Les représentants du personnel, et notamment les délégués syndicaux, ont une légitimité juridique claire. Les ignorer ou minimiser leur rôle est non seulement contre-productif, mais aussi risqué sur le plan juridique.

Pour autant, l’enjeu pour l’employeur est de maintenir un équilibre : reconnaître leur rôle, sans leur donner un pouvoir de blocage. Cela suppose de :

  • formaliser précisément les sujets ouverts à négociation,

  • refuser les discussions hors cadre ou les demandes abusives,

  • utiliser les délais légaux pour cadrer les échanges.

Dans une PME, où les relations sont souvent plus directes qu’ailleurs, la posture de fermeté bienveillante est souvent la plus efficace.

Gérer les désaccords : prévention des conflits et techniques de résolution

Tout désaccord n’est pas une crise. Encore faut-il savoir le gérer. L’écoute active est une compétence-clé à développer côté employeur : elle permet d’identifier les véritables freins et de proposer des solutions adaptées, sans entrer dans un rapport de force systématique.

Lorsque la situation se bloque, certaines directions font appel à un médiateur externe ou à un expert en relations sociales, pour désamorcer les tensions. Ces interventions ciblées permettent souvent de débloquer une négociation sans concession excessive.

Bien négocier sans surcéder : les leviers à disposition de l’employeur

Dans le cadre de la négociation collective, il est essentiel de poser des règles du jeu claires :

  • des délais réalistes et respectés,

  • des documents préparatoires structurés (bilan social, données économiques…),

  • une posture ouverte mais cadrée : expliquer pourquoi certaines propositions sont inacceptables pour l’entreprise.

L’objectif n’est pas de refuser toute évolution, mais d’obtenir un accord équilibré, soutenable dans le temps, qui respecte à la fois les contraintes économiques et les exigences sociales.

Conseil de l’avocat : encadrez vos négociations, formalisez vos méthodes

Pour sécuriser vos négociations avec le CSE, le cabinet recommande :

  • de définir un accord de méthode en amont, surtout dans les PME sans DRH à temps plein,

  • de préparer chaque cycle de négociation avec un plan clair, validé en interne,

  • de conserver des traces écrites de tous les échanges (convocations, comptes rendus, propositions…),

  • d’anticiper les demandes récurrentes du CSE pour ne pas négocier sous pression,

  • de ne jamais valider d’engagement verbal sans un écrit formalisé et validé par la direction.

Préserver la relation CSE dans la durée : un levier de performance sociale

Construire une relation durable avec le CSE, c’est aussi penser à l’après : comment l’accord sera-t-il appliqué ? Comment suivre ses effets ? Quelle place sera donnée au retour d’expérience ?

Certaines PME organisent un bilan post-négociation, quelques mois après l’entrée en vigueur d’un accord. D’autres investissent dans la montée en compétence des interlocuteurs internes via des formations sur la négociation sociale ou la prévention des conflits.

L’enjeu est clair : transformer un dialogue contraint en partenariat maîtrisé, au service de la performance globale de l’entreprise.

Besoin d’encadrer vos négociations collectives et de sécuriser vos relations avec le CSE ? Le cabinet vous accompagne.

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Règlement intérieur : les erreurs à éviter absolument

Responsable RH analysant un projet de règlement intérieur pour éviter les erreurs de rédaction dans une PME

La mise en place d’un règlement intérieur est une étape cruciale pour toute entreprise de plus de 50 salariés. Ce document, qui régit la vie au sein de l’entreprise, se doit d’être clair et exhaustif. Cependant, nombreux sont ceux qui tombent dans certains pièges lors de sa rédaction. Explorons ces erreurs courantes afin de mieux vous préparer.

Pourquoi le règlement intérieur est-il essentiel ?

Un règlement intérieur bien rédigé sert de référence claire pour tous les employés concernant les droits et obligations au sein de l’entreprise. Il traite de divers aspects tels que la sécurité, l’hygiène et la discipline, assurant ainsi un environnement de travail sain et juste. Par conséquent, il est impératif de ne pas négliger cet outil précieux.

Sa création nécessite non seulement une compréhension approfondie des règles de santé et sécurité au travail, mais aussi une connaissance des obligations légales. En effet, la législation impose certains critères essentiels pour garantir qu’il soit adapté et conforme aux besoins de l’entreprise et aux lois en vigueur.

👉 Pour comprendre pourquoi ce document n’est pas réservé aux grandes entreprises, même en dessous de 50 salariés, lisez aussi : Pourquoi un règlement intérieur n’est pas réservé aux grandes entreprises

Les erreurs courantes dans la rédaction du règlement intérieur

Passez en revue les erreurs courantes afin de vous assurer que votre document reflète correctement les attentes tant des employeurs que des employés.

Ignorer les formalités de dépôt et d’affichage

Une erreur fréquente réside dans la sous-estimation de l’importance des formalités administratives. Dès sa rédaction, le règlement intérieur doit être soumis à certaines procédures obligatoires. Cela inclut son dépôt auprès du Conseil des Prud’hommes ainsi que son affichage dans les locaux de l’entreprise. Négliger cette étape peut invalider le document et engendrer des complications juridiques.

L’affichage visible du règlement est également une obligation légale. Chaque employé, dès son embauche, doit pouvoir consulter ce document sans difficulté. Assurez-vous donc de le placer à un endroit stratégique, comme près des panneaux d’affichage dans les espaces communs.

Négliger la consultation des représentants du personnel

Dans de nombreuses organisations, il est obligatoire de consulter les représentants du personnel avant l’adoption ou la modification du règlement intérieur. Ignorer cette étape essentielle peut mener à un manque de légitimité du document, rendant difficile sa mise en œuvre et son application.

Impliquer les représentants du personnel permet également d’intégrer différentes perspectives lors de la rédaction. Une consultation bien menée garantit que les préoccupations des employés soient entendues et prises en compte, créant ainsi un consensus autour des règles établies.

Omettre des règles essentielles en matière de sécurité et d’hygiène

Chaque entreprise se doit de respecter les normes de sécurité et d’hygiène imposées par la loi. Le règlement intérieur doit impérativement contenir toutes les mesures nécessaires pour garantir un lieu de travail sécuritaire. Évitez d’omettre des informations cruciales sur ces sujets car cela pourrait mettre à risque la santé des employés et engager la responsabilité de l’entreprise.

Assurez-vous que le règlement comprend des instructions détaillées concernant l’utilisation des équipements de protection individuelle requis, ainsi que les protocoles à suivre en cas d’urgence. Des règles claires contribuent à préserver la santé tout en instaurant un climat de confiance entre employeurs et employés.

👉 Pour sécuriser juridiquement votre document, vérifiez que vous avez bien intégré les clauses obligatoires dans votre règlement intérieur

Sanctions et discipline : marche à suivre

La section consacrée aux sanctions disciplinaires est souvent mal gérée. Or, elle exige une attention particulière. Les sanctions doivent être proportionnées aux manquements constatés et alignées avec la législation et conformité en vigueur.

Il est crucial de préciser clairement les infractions passibles de sanctions, les types de sanctions applicables, ainsi que les procédures disciplinaires. Cette transparence assure une gestion objective et équitable des problèmes disciplinaires au sein de l’organisation.

👉 Besoin d’une vue claire sur ce qu’il faut inclure (et comment) ? Consultez notre guide : Les clauses incontournables pour sécuriser votre règlement intérieur

Erreurs à éviter lors de l’inscription des sanctions

Nombreuses entreprises commettent l’erreur d’inscrire des sanctions trop vagues ou mal définies. Cela entraîne une incertitude juridique pouvant donner lieu à des contestations. Ainsi, veillez à ce que chaque sanction soit clairement décrite et justifiable.

Évitez également de décrire des comportements entraînant des sanctions sans les illustrer par des exemples concrets. Une communication transparente et précise évite les malentendus, assurant que les employés comprennent parfaitement les conséquences de leurs actes.

Droits des employés : tenir compte de la législation

Tout règlement intérieur doit respecter les droits fondamentaux des employés garantis par la loi. Dresser un cadre strict peut parfois conduire à ignorer certains de ces droits, ce qui serait préjudiciable tant pour l’employé que pour l’employeur.

Il est primordial d’assurer que toute règle imposée respecte le droit à la libre expression, au respect de la vie privée et à un traitement équitable. Ne pas prendre en compte ces droits peut entraîner des litiges complexes et compromettre la relation employeur-employé.

Mise en place effective du règlement intérieur

Adopter un règlement intérieur n’est que la première étape. La vraie difficulté réside dans sa mise en œuvre efficace. Les responsables doivent être formés pour appliquer ces règles de façon juste et constante.

L’engagement de chaque niveau hiérarchique est nécessaire pour garantir que le règlement fonctionne comme prévu. Veillez à organiser des sessions d’information régulières pour rappeler les principaux points du règlement et résoudre tout problème émergent.

Suivi et ajustements

La situation au sein de l’entreprise évolue constamment. Ainsi, un suivi rigoureux s’impose pour vérifier que le règlement reste pertinent. Un examen périodique n’est pas simplement recommandé, mais souhaitable pour anticiper les changements législatifs ou répondre aux nouvelles dynamiques internes.

Adapter le règlement selon ces évolutions assure qu’il demeure un outil vivant qui continue de servir au mieux l’intérêt collectif. C’est aussi un moyen de démontrer l’engagement constant de l’entreprise envers ses employés.

Ancrer le changement pour garantir l’efficacité

Mettre en place un bon règlement intérieur est essentiel, mais insuffisant si celui-ci reste ignoré ou mal utilisé. Instiller dans votre culture d’entreprise l’idée que le règlement est un instrument vital est primordial. Concrétisez cela par la formation continue et la sensibilisation régulière de toutes les parties concernées.

  • Organiser des sessions d’information régulières.
  • Assurer une consultation ouverte avec les représentants du personnel.
  • Procéder à des mises à jour périodiques du document.

L’objectif est que le règlement devienne un guide quotidien plutôt qu’une simple formalité. Toutefois, il faut toujours garder en tête que la raison d’être première du règlement intérieur est de créer un cadre de vie professionnelle structuré et harmonieux.

En prêtant attention à ces détails et en évitant les erreurs mentionnées précédemment, vous maximiserez l’efficacité et l’utilité de votre règlement intérieur, contribuant ainsi à un environnement de travail où chacun bénéficie des mêmes protections et opportunités.

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Règlement intérieur en PME : un outil stratégique, pas réservé aux grandes entreprises

DRH présentant le règlement intérieur de l’entreprise à un salarié dans une PME pour sécuriser les règles internes

Le règlement intérieur est souvent perçu comme un document juridique formel réservé aux grandes structures. Pourtant, il peut jouer un rôle déterminant dans l’organisation quotidienne et la sécurité juridique des petites et moyennes entreprises. En tant qu’employeur, vous n’y êtes peut-être pas encore légalement tenu, mais en adopter un dès maintenant peut grandement renforcer la stabilité interne de votre entreprise et sécuriser vos pratiques RH.

Le règlement intérieur : un cadre clair pour faire respecter les règles dans l’entreprise

Le règlement intérieur est un document écrit, élaboré par l’employeur, qui fixe les règles applicables en matière de santé, sécurité, discipline et conditions de travail. Il précise notamment :

  • les horaires et règles de présence

  • les consignes de sécurité

  • les comportements interdits (harcèlement, usage abusif d’outils professionnels, etc.)

  • la nature des sanctions disciplinaires applicables

Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’une formalité lourde, mais d’un outil opérationnel, qui permet de poser un cadre clair pour tous les salariés et de prévenir les litiges.

Pour aller plus loin sur les erreurs à éviter lors de la rédaction

Pensez à bien vérifier les clauses incontournables à insérer

Une obligation à partir de 50 salariés, mais utile bien avant

La mise en place d’un règlement intérieur est obligatoire à partir de 50 salariés (article L1311-2 du Code du travail). Il doit être rédigé, soumis pour avis au CSE, puis communiqué à l’inspection du travail.

Mais même en dessous de ce seuil, de nombreuses PME choisissent volontairement de l’adopter, car il leur offre plusieurs avantages :

  • définir un socle commun de règles, notamment en matière disciplinaire

  • éviter l’arbitraire dans la gestion des comportements déviants

  • démontrer, en cas de contentieux, que les salariés avaient bien été informés des règles en vigueur

Un outil de prévention des litiges et de sécurisation juridique

En cas de conflit disciplinaire ou de contentieux prud’homal, disposer d’un règlement intérieur peut faire toute la différence. En effet, un employeur ne peut sanctionner un salarié que si ce dernier a été informé au préalable des règles applicables et des sanctions encourues.

Ainsi, l’existence d’un règlement intérieur :

  • permet de justifier une sanction disciplinaire (avertissement, mise à pied…)

  • protège l’entreprise contre une accusation de traitement discriminatoire ou arbitraire

  • facilite le dialogue avec les représentants du personnel en apportant des bases claires

Pourquoi les PME ont tout à y gagner

Dans une PME, où les liens hiérarchiques sont souvent plus directs, un écrit formalisant les règles internes permet d’aligner les pratiques, de garantir l’équité de traitement entre les salariés, et de fluidifier la gestion quotidienne.

Concrètement, un règlement intérieur bien structuré permet de :

  • éviter les interprétations différentes selon les managers

  • poser un cadre partagé pour les règles d’usage des outils numériques, des temps de pause, de l’alcool ou du téléphone professionnel

  • ancrer la culture d’entreprise dans des règles visibles et assumées

C’est aussi un support précieux pour l’onboarding des nouveaux salariés et un point d’appui pour toute communication RH structurée.

Comment mettre en place un règlement intérieur en PME ?

Voici les étapes clés :

  1. Définir les besoins spécifiques de votre entreprise Selon votre secteur (industrie, services, travail en horaires décalés…), certaines thématiques devront être priorisées : sécurité, tenue vestimentaire, utilisation du matériel, confidentialité, etc.

  2. Rédiger un projet conforme au Code du travail Le contenu doit respecter les principes généraux du droit, ne pas contenir de clauses discriminatoires, ni de dispositions contraires à la loi.

  3. Associer les représentants du personnel Si un CSE est en place, l’avis du comité est requis avant la mise en œuvre. Même sans CSE, il est recommandé d’organiser une communication claire aux salariés.

  4. Diffuser le règlement Affichage, remise à l’embauche, mise à disposition sur l’intranet… Chaque salarié doit pouvoir en prendre connaissance à tout moment.

  5. Suivre et mettre à jour régulièrement Toute modification doit respecter la même procédure. Pensez à ajuster votre règlement en cas d’évolution légale ou organisationnelle (télétravail, sécurité, RGPD…).

Conseil de l’avocat : anticipez plutôt que subir

Même en dessous de 50 salariés, adopter un règlement intérieur permet de :

  • sécuriser juridiquement votre politique disciplinaire

  • instaurer un climat de travail plus serein et lisible

  • éviter que des situations à risque (violence verbale, non-respect de consignes, usage abusif d’outils) ne dégénèrent faute de cadre clair

Le cabinet recommande d’élaborer un règlement adapté à la taille et à la culture de votre entreprise, ni trop rigide ni trop flou, en s’appuyant sur les thématiques réellement pertinentes pour votre activité. C’est une démarche simple à mettre en œuvre, avec un impact direct sur votre gestion RH et votre sécurité juridique.

Références juridiques à retenir

Code du travail, article L1311-2 (obligation du règlement intérieur à partir de 50 salariés)
Code du travail, article L1321-1 et suivants (contenu et procédure d’élaboration)

Besoin d’un accompagnement pour rédiger ou sécuriser votre règlement intérieur ? Le cabinet vous accompagne.

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Règlement intérieur en PME : les clauses incontournables pour sécuriser vos pratiques RH

DRH expliquant les clauses du règlement intérieur à un salarié dans une PME pour assurer la conformité et la sécurité juridique de l’entreprise

Instaurer un règlement intérieur, ce n’est pas simplement répondre à une exigence légale. Pour un employeur, c’est un moyen stratégique de cadrer les règles du jeu, de prévenir les litiges et de garantir une cohérence disciplinaire dans l’entreprise. Mais pour être juridiquement valable et opérationnel, ce document doit comporter certaines clauses clés. Quelles sont-elles ? Et comment s’assurer qu’elles répondent à la fois aux obligations du Code du travail et aux réalités de votre PME ?

Un outil RH indispensable dès 50 salariés – mais utile bien avant

Le règlement intérieur est obligatoire pour toute entreprise de 50 salariés et plus (article L1311-2 du Code du travail). Il fixe, par écrit, les règles relatives à :

  • la santé et la sécurité au travail

  • la discipline et les sanctions applicables

  • les droits et obligations réciproques

Mais même en dessous de ce seuil, nombre de PME choisissent de le mettre en place volontairement. Pourquoi ? Parce qu’il offre un cadre clair, opposable et sécurisant, utile en cas de contentieux, d’accident du travail, ou de sanction disciplinaire.

Clause 1 : les consignes en matière de santé et de sécurité

Cette clause est obligatoire. Elle doit préciser les règles que chaque salarié est tenu de respecter pour prévenir les accidents et garantir un environnement de travail sûr : port d’équipements de protection, interdictions (alcool, téléphone en zone de production…), respect des procédures internes.

En cas d’inspection du travail, ce point est systématiquement contrôlé. Il sert également de fondement en cas de mise en cause de la responsabilité de l’employeur.

Clause 2 : la discipline et les sanctions

Autre élément central : les règles de conduite à respecter (ponctualité, comportement, usage des outils numériques…) et les sanctions encourues en cas d’écart (avertissement, mise à pied, licenciement).

Pour être juridiquement applicables, ces sanctions doivent figurer dans le règlement, ou avoir été portées à la connaissance du salarié. Cette clause évite donc les contestations sur la légitimité d’une mesure disciplinaire.

Clause 3 : les droits des salariés et garanties collectives

Le règlement intérieur ne doit pas être un outil à sens unique. Il doit également rappeler certains droits fondamentaux des salariés :

  • respect de la vie privée et des données personnelles

  • égalité de traitement

  • liberté d’expression et d’opinion

  • droit syndical

En les intégrant dans le règlement, vous démontrez une volonté d’équilibre et vous sécurisez votre posture en cas de contestation sur ces sujets.

Clause 4 : hygiène et bonnes pratiques collectives

Dans le contexte post-COVID, intégrer des règles relatives à l’hygiène (entretien des locaux, usage des sanitaires, comportements attendus en période d’épidémie…) est devenu une bonne pratique. Cette clause peut être personnalisée selon votre activité (manutention, accueil du public, open space…).

Clause 5 : évolutivité et mise à jour du règlement

Un bon règlement n’est pas figé. Il doit prévoir la possibilité d’être modifié pour s’adapter à l’évolution de la législation, des outils de travail (télétravail, cybersécurité, RGPD…) ou des conditions internes.

Il est recommandé de prévoir une procédure claire de mise à jour : consultation du CSE, information des salariés, communication accessible.

Conseil de l’avocat : structurez, formalisez, sécurisez

Pour être valable, votre règlement intérieur doit :

  • respecter le formalisme légal (affichage, dépôt à l’inspection du travail, consultation du CSE)

  • être rédigé dans des termes clairs, sans ambiguïté ni clause discriminatoire

  • refléter vos réalités opérationnelles (secteur d’activité, risques spécifiques, culture d’entreprise)

Le cabinet recommande de :

  • vous faire accompagner pour sa rédaction initiale ou sa révision,

  • former vos managers à son contenu, pour garantir une application cohérente,

  • prévoir une revue annuelle, notamment en cas d’évolution RH ou législative.

Un règlement intérieur bien rédigé est un outil de management efficace : il encadre, protège, et clarifie vos responsabilités. Il peut aussi renforcer votre culture d’entreprise, en fixant des repères partagés.

Références juridiques à retenir

Code du travail :

  • Article L1311-2 (obligation à partir de 50 salariés)

  • Articles L1321-1 à L1321-7 (contenu, procédure, validité)

  • Article L2312-8 (consultation du CSE)

👉 Pour aller plus loin : Pourquoi un règlement intérieur n’est pas réservé aux grandes entreprises

Besoin de rédiger ou d’auditer votre règlement intérieur ? Le cabinet vous accompagne pour sécuriser vos pratiques RH

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Dois-je verser une indemnité si un salarié travaille régulièrement de chez lui sans télétravail formalisé ?

Dirigeant d’entreprise consultant un rapport financier dans son bureau, préoccupé par les difficultés économiques liées à sa gestion

De nombreux employeurs se posent la question : lorsqu’un salarié utilise régulièrement son domicile pour accomplir des tâches professionnelles, sans qu’un accord de télétravail formel ait été signé, faut-il lui verser une indemnité ? Un récent arrêt de la Cour de cassation vient de rappeler les obligations de l’employeur en la matière. Pour les PME, il est essentiel de comprendre les contours juridiques de cette situation, au risque d’exposer l’entreprise à des rappels d’indemnité ou à des litiges prud’homaux.

Utilisation du domicile à des fins professionnelles : un droit à indemnisation reconnu

Dans un arrêt du 19 mars 2025 (Cass. soc., 19 mars 2025, n° 22-17.315), la Cour de cassation confirme qu’un salarié qui utilise son domicile à des fins professionnelles, faute d’un local mis à sa disposition, peut exiger une indemnité spécifique. Cette indemnité est due même si le salarié ne bénéficie pas d’un statut officiel de télétravailleur.

L’affaire concernait un salarié itinérant, chargé d’une activité de terrain, mais qui effectuait des tâches administratives depuis son domicile. Aucun bureau n’avait été proposé par l’entreprise. La Cour a considéré qu’il y avait bien immixtion dans la vie privée du salarié, justifiant une compensation financière.

Cette indemnité est-elle automatique ? À quelles conditions ?

L’indemnité est fondée sur le principe que l’usage du domicile à des fins professionnelles constitue une contrainte imposée par l’employeur, dès lors qu’aucune solution alternative n’est proposée. Il ne s’agit pas ici du simple remboursement de frais (connexion, mobilier, électricité…), mais bien d’une indemnisation pour l’occupation de la sphère privée du salarié.

Elle est due : – même en l’absence d’accord formalisé de télétravail – même si le salarié n’en a pas fait la demande expresse – même si l’employeur rembourse par ailleurs certains frais matériels

Ce droit à indemnisation suppose que le salarié puisse prouver qu’il travaille effectivement depuis son domicile de manière régulière pour accomplir des tâches relevant de ses fonctions. L’indemnité peut alors être fixée forfaitairement ou sur justificatifs, selon les usages ou les décisions de justice.

Ce qu’il faut retenir de la jurisprudence du 19 mars 2025

Dans cette affaire, le salarié n’était pas en télétravail au sens strict (article L1222-9 du Code du travail). Il n’y avait pas d’avenant, ni d’accord collectif, ni de clause particulière dans son contrat. Pour autant, la Cour de cassation a estimé que l’usage répété de son domicile, en l’absence d’espace de travail mis à disposition par l’entreprise, justifiait une indemnité spécifique.

Autre point important : la prescription applicable est de deux ans (article L1471-1 du Code du travail), ce qui signifie qu’un salarié peut réclamer cette indemnité a posteriori, dans la limite de cette période.

Quelles conséquences pour une PME ou un DRH ?

De nombreuses entreprises emploient des salariés itinérants ou hybrides, qui utilisent leur domicile pour certaines tâches, souvent sans encadrement juridique formalisé. Cette pratique expose l’entreprise à un risque contentieux réel si aucun local n’est proposé et qu’aucune indemnité n’est prévue.

En pratique : – Un commercial terrain qui fait ses rapports depuis chez lui est potentiellement concerné – Un technicien qui prépare ses tournées depuis son salon peut revendiquer une indemnité – Un cadre sans poste de travail fixe qui répond à ses e-mails ou prépare des dossiers chez lui, même occasionnellement, entre dans le champ

Conseil de l’avocat : formalisez et sécurisez vos pratiques

Pour limiter les risques et sécuriser juridiquement les situations d’occupation du domicile par vos salariés, le cabinet vous recommande de :

– Identifier les salariés concernés par une utilisation régulière de leur domicile (même partielle) – Prévoir dans les politiques internes ou les contrats une clause spécifique sur l’occupation du domicile – Mettre à disposition un poste de travail ou justifier de son impossibilité si vous ne souhaitez pas verser d’indemnité – Distinguer clairement l’indemnité d’occupation de tout remboursement de frais professionnels – Mettre à jour vos accords de télétravail ou vos avenants pour intégrer cette dimension

Références juridiques à retenir

Cour de cassation, chambre sociale, 19 mars 2025, n° 22-17.315
Code du travail, article L1222-9 (télétravail)
Code du travail, article L1471-1 (prescription biennale)

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Formation CSE : quelles obligations pour l’employeur et comment éviter les erreurs fréquentes ?

Employeur et DRH organisant la formation obligatoire des élus du CSE dans une PME, autour d’un dossier de formation en réunion

Dès la mise en place d’un comité social et économique (CSE), l’employeur est tenu par plusieurs obligations légales, notamment en matière de formation des représentants du personnel. Trop souvent négligée ou mal encadrée, la formation des élus du CSE constitue pourtant un levier essentiel de bon fonctionnement du dialogue social et une obligation juridique encadrée par le Code du travail. Pour un employeur, il s’agit de comprendre précisément ce qu’il doit mettre en place, dans quels délais, à quelles conditions de financement, et ce qu’il risque en cas de manquement.

Former les élus du CSE : une obligation légale de l’employeur

Dans toute entreprise d’au moins 50 salariés, l’employeur est tenu de permettre aux membres titulaires du CSE de bénéficier d’une formation économique. Cette formation est prévue par l’article L2315-63 du Code du travail, pour une durée minimale de 5 jours lors du premier mandat.

Par ailleurs, pour tous les membres du CSE, qu’ils soient titulaires ou suppléants, une formation en santé, sécurité et conditions de travail (SSCT) doit également être organisée. Cette formation est obligatoire dès lors que l’entreprise atteint 11 salariés, conformément à l’article L2315-18 du Code du travail, et sa durée varie de 3 à 5 jours selon la taille de l’établissement.

Dans les deux cas, ces formations doivent être réalisées dans un délai raisonnable après l’élection, afin de permettre aux élus d’exercer effectivement leurs missions. Le temps passé en formation est considéré comme du temps de travail effectif et ne doit entraîner aucune perte de rémunération.

Qui finance la formation des élus ? Les règles à connaître

L’article L2315-61 du Code du travail distingue deux types de formation :

  • La formation SSCT (santé, sécurité et conditions de travail) est entièrement à la charge de l’employeur. Elle comprend les frais pédagogiques, les frais de déplacement et, le cas échéant, d’hébergement.

  • La formation économique, quant à elle, est financée via le budget de fonctionnement du CSE, sauf accord plus favorable. Il est donc essentiel pour l’employeur d’informer les élus de cette distinction et de veiller à ce que les budgets soient correctement provisionnés.

Quels sont les risques en cas de non-respect ?

Ne pas organiser la formation obligatoire du CSE constitue une entrave au fonctionnement du comité, infraction pénalement sanctionnée par l’article L2317-1 du Code du travail. L’employeur s’expose à :

  • Une amende pénale pouvant aller jusqu’à 7 500 €

  • Une demande judiciaire des élus pour obtenir la formation à titre rétroactif

  • Des tensions sociales et blocages dans les échanges entre direction et représentants du personnel

  • Un affaiblissement des garanties de prévention en matière de santé et sécurité, avec une possible mise en cause en cas d’accident du travail

Conséquences pratiques pour les employeurs de PME

Dans les entreprises de 10 à 200 salariés, où les ressources internes sont souvent limitées, l’oubli ou la mauvaise organisation de ces formations peut avoir des conséquences lourdes. Un élu mal formé est moins autonome, moins constructif en réunion, et plus dépendant de conseils extérieurs parfois peu objectifs.

À l’inverse, un comité bien formé :

  • comprend les enjeux économiques et sociaux de l’entreprise

  • maîtrise les règles de base du droit du travail

  • propose des actions pertinentes en matière de prévention des risques

  • devient un partenaire de dialogue plus structuré et efficace

C’est aussi un facteur de réduction du turn-over, d’amélioration du climat social, et de prévention des conflits.

Conseil de l’avocat : sécuriser l’organisation des formations CSE dès l’élection

Pour respecter vos obligations et prévenir tout contentieux, nous vous recommandons de :

  • Planifier les formations dans les semaines suivant l’élection du CSE

  • Vérifier les durées légales applicables selon les effectifs et les mandats

  • Choisir un organisme agréé, notamment pour la formation SSCT, afin de garantir la validité juridique du contenu

  • Distinguer clairement les financements selon le type de formation (employeur vs budget de fonctionnement du CSE)

  • Conserver les convocations et attestations de formation dans le dossier social de l’entreprise

N’oubliez pas qu’un avenant ou un protocole d’accord préélectoral peut aussi préciser les modalités de prise en charge, le calendrier, voire intégrer la formation dans un plan de développement des compétences.

Références juridiques à retenir

Code du travail :

  • Article L2315-18 (formation SSCT)

  • Article L2315-63 (formation économique)

  • Article L2315-61 (prise en charge financière)

  • Article L2317-1 (sanction en cas d’entrave)

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Entretien professionnel : comment encadrer les demandes d’évolution des salariés ?

Manager RH échangeant avec un salarié sur ses perspectives d’évolution professionnelle lors de l’entretien obligatoire

Tous les deux ans, les entreprises ont l’obligation d’organiser un entretien professionnel avec leurs salariés pour évoquer leur parcours et leurs perspectives d’évolution. Si cet échange peut être l’occasion pour un collaborateur de formuler une demande d’évolution, il ne s’agit pas d’un entretien d’évaluation classique : c’est un moment-clé encadré par le Code du travail.

Comment les employeurs doivent-ils préparer et encadrer ces demandes ? Quels sont leurs droits, leurs obligations et les risques à anticiper ?

Un cadre juridique structuré : l’entretien professionnel biennal

Depuis la réforme de la formation professionnelle de 2014, l’article L. 6315-1 du Code du travail impose à l’employeur d’organiser, tous les deux ans, un entretien professionnel distinct de l’entretien d’évaluation.

Cet échange porte exclusivement sur les perspectives d’évolution professionnelle du salarié : acquisition de compétences, mobilité interne, souhait de formation, projet d’évolution hiérarchique ou salariale, etc.

L’entretien professionnel est obligatoire et doit être formalisé. L’employeur doit également proposer, tous les six ans, un bilan récapitulatif du parcours du salarié.

Jurisprudence : l’entretien professionnel sous le regard du juge

La jurisprudence récente rappelle que l’entretien professionnel est un droit du salarié, et son organisation relève d’une obligation légale de l’employeur.

📌 Cour d’appel de Lyon, 30 novembre 2023 : une salariée invoque un manquement de son employeur à l’obligation d’entretien professionnel. Résultat : l’entreprise est condamnée à verser 3 000 € de dommages et intérêts pour non-respect de l’obligation d’information et de suivi.

Ce type de décision montre que la négligence sur ce terrain peut entraîner un contentieux, notamment si le salarié considère que sa carrière a stagné sans justification.

Que peut (ou doit) faire l’employeur face à une demande d’évolution ?

Lors de l’entretien professionnel, un salarié peut :

  • Solliciter une formation,

  • Demander une évolution hiérarchique ou un changement de poste,

  • Rechercher une augmentation de responsabilités,

  • Ou exprimer une volonté de mobilité interne.

L’employeur n’est pas tenu d’accepter ces demandes, mais il doit :

  • Écouter et motiver sa réponse,

  • Garantir l’égalité de traitement entre salariés,

  • Proposer des alternatives réalistes si le projet n’est pas réalisable immédiatement.

Conseil de l’avocat : sécurisez l’entretien professionnel et la gestion des évolutions

En tant qu’employeur, voici 5 bonnes pratiques pour sécuriser vos entretiens professionnels :

  1. Préparer en amont chaque entretien avec des éléments objectifs sur le parcours du salarié.

  2. Documenter les échanges : rédiger une trame et conserver un compte rendu signé.

  3. Répondre clairement aux demandes d’évolution : justifiez chaque position.

  4. Anticiper les contentieux : assurez l’égalité de traitement pour éviter toute discrimination ou rupture d’égalité.

  5. Proposer des alternatives réalistes : accompagnement, formation, tutorat, promotion différée.

Références juridiques

  • Article L. 6315-1 du Code du travail

  • Cour d’appel de Lyon, 30 novembre 2023, n° 21/05324

Surveillance des salariés par l’IA : jusqu’où l’employeur peut-il aller légalement ?

Manager RH consultant des données de performance issues d’un logiciel d’intelligence artificielle en entreprise

Introduction
L’intelligence artificielle (IA) s’invite de plus en plus dans la gestion des ressources humaines, promettant gain de temps et efficacité. Mais à l’heure où certains outils permettent un suivi permanent et ultra-précis de l’activité des salariés, une question cruciale se pose : jusqu’où l’IA peut-elle surveiller sans enfreindre le droit du travail et la vie privée des employés ? La réponse se joue désormais autant sur le terrain juridique que technologique.

Le cadre juridique de la surveillance au travail
La surveillance des salariés est encadrée par plusieurs textes, notamment le Code du travail et le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Selon l’article L.1222-4 du Code du travail, « aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance ».

En matière de données personnelles, le RGPD impose à l’employeur une obligation de transparence, de proportionnalité et de finalité légitime. Concrètement, tout traitement automatisé de données (comme l’analyse d’activité via l’IA) doit être justifié, déclaré à la CNIL, et les salariés doivent être informés de manière claire et compréhensible.

La jurisprudence est également claire : la mise en place d’un dispositif de surveillance implique une information préalable, une consultation des représentants du personnel (CSE) et un usage proportionné au but recherché.

Jurisprudence récente : les limites posées par les juges
Dans un arrêt du 10 novembre 2021 (Cass. soc., n° 20-12.263), la Cour de cassation a rappelé qu’un système de surveillance généralisée non déclaré ne peut produire de preuves recevables en justice. En l’espèce, un employeur avait utilisé un logiciel de contrôle sans en informer clairement les salariés : les preuves issues de ce logiciel ont été écartées par les juges.

Autre point de vigilance : la jurisprudence invalide régulièrement les dispositifs jugés trop intrusifs, comme la surveillance constante via webcam ou les enregistrements de frappe clavier (keyloggers), qui portent une atteinte disproportionnée à la vie privée des salariés.

Conséquences pratiques pour les employeurs
Les outils d’IA peuvent être des alliés précieux en matière de gestion du temps ou de prévention des risques, à condition d’en faire un usage raisonné. Les employeurs doivent impérativement :

• Informer les salariés de manière claire et documentée
• S’assurer que le traitement des données est justifié et proportionné
• Éviter tout dispositif de surveillance permanente ou dissimulée
• Consulter le CSE avant déploiement d’un outil de contrôle
• Tenir un registre des traitements (RGPD)

Faute de quoi, les données recueillies pourront être jugées illicites et les employeurs exposés à des sanctions civiles, voire pénales.

Le conseil de l’avocat
L’usage de l’intelligence artificielle dans le suivi des salariés doit s’accompagner d’un cadrage juridique rigoureux. Pour éviter tout risque contentieux, nous recommandons :

  • D’auditer régulièrement les outils RH pour vérifier leur conformité

  • De rédiger une note d’information dédiée aux salariés précisant la finalité des outils utilisés

  • D’impliquer le DPO (délégué à la protection des données) et les représentants du personnel dès la phase de réflexion

  • De privilégier des solutions d’IA éthiques et transparentes, dont les algorithmes sont explicables

Références juridiques

  • Code du travail, art. L.1222-4

  • Règlement général sur la protection des données (RGPD)

  • Cass. soc., 10 novembre 2021, n° 20-12.263

Besoin de sécuriser vos pratiques RH ? Le cabinet vous accompagne.